Le déplacement de soi dans la rêverie : les lieux dans Les Rêveries du Promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau

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Dans Les Rêveries du Promeneur solitaire (1782), Jean-Jacques Rousseau affirme vouloir mener une « entreprise » (1972, 42) semblable à celle de Montaigne dans ses Essais (1595), c’est-à-dire prendre quelques-uns de ses derniers et précieux moments – l’œuvre a été interrompue par sa mort en 1778 – pour se connaître lui-même. Les Rêveries diffèrent cependant des Essais en plusieurs points, dont l’un des plus importants est la claire mise en scène de leur auteur : Rousseau s’y décrit errant à travers le monde, tantôt arpentant les rues de Paris, les montagnes ou les forêts, tantôt dérivant sur une barque. Comme le titre de son œuvre l’indique, l’auteur des Rêveries est ainsi d’abord un promeneur; il voyage et découvre des endroits nombreux et étonnants. Les différents lieux visités par ce promeneur font naître chez ce dernier des réflexions profondes, complexes et diverses qui contribuent à rapprocher le projet de Rousseau de celui de Montaigne, car il devient, comme celui de son prédécesseur, à la fois intime, philosophique et littéraire. Pour approfondir notre compréhension de l’entreprise de Rousseau, il s’avère que les Rêveries gagnent ainsi à être abordées par une étude des différents lieux qu’elles convoquent : comme nous le verrons dans le présent article, le lieu est en effet à la fois un point de départ et une source pour la pensée. Une analyse de l’œuvre – et notamment des endroits où Rousseau se trouve au sein de celle-ci – nous permettra de dégager les relations entre ces lieux, ainsi que leur influence sur l’activité de Rousseau, lesquelles éclaireront l’intérêt que revêt l’espace dans les œuvres essayistiques et autobiographiques.

De prime abord, nous orienterons notre recherche vers l’état du rêveur. Nous verrons que sa solitude n’est pas seulement un état, mais aussi un lieu. Ce lieu du moi s’ouvre sur de multiples espaces, que nous analyserons ensuite en montrant qu’ils s’organisent en niveaux. Au moment où il écrit les Rêveries – et tel qu’il s’y met en scène –, Rousseau est en effet sorti de la mondanité; son esprit est devenu pour lui un monde particulier, où sa pensée peut se diriger vers certains thèmes, certains souvenirs, certaines créations. Nous étudierons ainsi la navigation métaphorique de Rousseau en lui-même, tandis que la dernière partie de cet article sera consacrée à la relation qu’entretiennent le lieu et le temps dans la rêverie : pour mener à bien cette ultime réflexion, nous nous appuierons sur un texte de Gilles Deleuze écrit dans les années cinquante, L’Île déserte (2002), lequel nous permettra d’examiner comment une signification temporelle se dégage des lieux solitaires mis en scène dans les Rêveries.

La solitude comme lieu

L’influence du lieu extérieur sur la rêverie

Un aspect singulier des Rêveries est la description de l’état spatial où Rousseau se trouve en pensant. Certes, d’autres textes décrivent le contexte de réflexion ou d’écriture duquel ils sont originaires : Montaigne, par exemple, rappelle sa maladie, sa solitude, ses livres ainsi que ses moments de rédaction. Toutefois, les Rêveries ont comme particularité de décrire fréquemment un lieu premier de la pensée, c’est-à-dire non pas le lieu vers où elle se dirige (ce qui sera le sujet de la deuxième section de cet article), mais d’où elle émane1. Rousseau se met ainsi en scène en de nombreux endroits qui, servant d’objets de réflexion ou les suscitant, donnent une orientation à sa rêverie2. C’est le cas dans la sixième promenade : en se demandant pourquoi il choisit de ne pas passer par une route, Rousseau se rappelle un enfant demandant l’aumône et réfléchit sur le don et son rapport avec la liberté. Une situation semblable survient dans la quatrième promenade : par sa bibliothèque, l’auteur a accès à l’œuvre de Plutarque et aux journaux de l’abbé Rosier, dont la lecture génère une réflexion sur le mensonge. Dans les Rêveries, l’atmosphère et l’aspect du lieu entraînent la pensée. Celui-ci se présente comme l’origine, le point premier de nombreux essais que réalise Rousseau dans son œuvre; il sert de tremplin vers des méditations profondes3. Ainsi, Rousseau apprécie les endroits calmes, car ils sont propices à la rêverie et le conduisent en lui-même. Un moment de bonheur relaté dans la cinquième promenade illustre bien cet effet du lieu :

[...] je m’esquivais et j’allais me jeter seul dans un bateau que je conduisais au milieu du lac quand l’eau était calme, et là, m’étendant tout de mon long dans le bateau les yeux tournés vers le ciel, je me laissais aller et dériver lentement au gré de l’eau, quelquefois pendant plusieurs heures, plongé dans mille rêveries confuses mais délicieuses, et qui sans avoir aucun objet bien déterminé ni constant ne laissaient pas d’être à mon gré cent fois préférables à tout ce que j’avais trouvé de plus doux dans ce qu’on appelle les plaisirs de la vie. (98)

On voit ici que l’eau calme du lac et le ciel sont pour Rousseau les éléments du lieu qui entraînent un certain type de pensée. Ils ne lui fournissent pas l’objet de ses pensées (comme le font par exemple la route et la bibliothèque dans les quatrième et sixième promenades susmentionnées), mais plutôt l’ambiance générale de la rêverie, qui est calme, discontinue et agréable : Rousseau fait « mille rêveries confuses mais délicieuses ». C’est parce qu’il est sur le lac que Rousseau peut rêvasser : le lieu dispose la pensée à suivre un certain fil. La situation spatiale peut ainsi donner au rêveur non seulement une orientation philosophique, mais aussi une méthode et une atmosphère de recherche.

Le mouvement vers le moi

Dans la citation ci-haut, il apparaît aussi que le lieu n’est pas digne d’étude en lui-même, que ce n’est pas lui qui est exploré, mais bien Rousseau4. Le lieu n’est qu’un prétexte pour penser : ce n’est pas parce que le lac est intéressant que Rousseau y va, mais parce que le lac lui permet d’entrer en lui-même. Bien que le lieu extérieur à l’individu soit le lieu premier de la réflexion, c’est en lui-même que Rousseau pense. Tout le travail entrepris par le Rousseau des Rêveries est de ne plus être touché par la société des hommes, de ne dépendre que de lui-même, de se « nourrir de sa propre substance et à chercher toute sa pâture au-dedans de [lui] » (45). Rejeté par ses semblables, l’écrivain est à la fois contraint et désireux de se replier sur lui-même. Il fait ainsi de sa personne, où il s’est reclus5, le deuxième de ses lieux. La quatrième promenade rappelle au départ la bibliothèque de Rousseau, mais le fait ensuite plonger entièrement au fond de lui. En d’autres termes, son moi devient le lieu, l’espace (en tant que cadre géographique) n’a plus d’importance une fois que l’élément spatial initial a suscité la rêverie : il suffit que les éléments de l’espace restent en place et qu’aucun élément étranger n’en perturbe le calme pour que Rousseau continue sa rêverie. La rêverie se définit ainsi à la fois à partir du monde extérieur et en opposition à ce monde.

Ici, c’est donc la situation générale du philosophe que le lieu permet de saisir. Son activité ne dépend pas de l’endroit où il se trouve; ce dernier n’est qu’un support, qu’une voie. Rappelons qu’il suffit à Rousseau d’être dans un endroit calme et de pouvoir écrire sur des cartes à jouer pour que s’enclenche la pensée6. Le meilleur exemple de ce retrait en soi apparemment facile nous est donné dans la cinquième promenade :

Il [ne] faut qu’assez [d’idées] pour se souvenir de soi-même en oubliant tous ses maux. Cette espèce de rêverie peut se goûter partout où l’on peut être tranquille, et j’ai souvent pensé qu’à la Bastille, et même dans un cachot où nul objet n’eût frappé ma vue, j’aurais encore pu rêver agréablement. (103)

L’activité intellectuelle tient donc essentiellement en soi, dans le lieu de la solitude. Lorsque le rêveur y est, il néglige le lieu extérieur.

La poétique du discontinu des Essais trouve un écho dans le traitement du lieu chez Rousseau : il y a non seulement « mille » (98) rêveries, mais aussi de nombreux lieux qui les suscitent ou les accueillent. Le texte de Rousseau rejoint aussi celui de Montaigne en ce que son auteur a décidé de faire du moi le lieu de l’étude et, reclus, de réfléchir. Les deux philosophes ont décidé de se prendre pour terrain d’étude : Rousseau se promène, Montaigne est dans sa tour, mais ils restent tous les deux en eux. Ce lieu solitaire est toutefois foisonnant, et au même titre que les Essais de Montaigne font voyager à travers différents thèmes, les Rêveries de Rousseau mettent en scène un nombre impressionnant de lieux intérieurs.

Les lieux intérieurs

La nature des lieux intérieurs

Ces lieux intérieurs sont tous les lieux qui sont dans l’esprit de Rousseau, tous les terrains qui accueillent sa rêverie. Ce ne sont évidemment pas de véritables lieux; ils n’ont pas de situation physique. S’ils peuvent être considérés comme des lieux, c’est par analogie avec les lieux réels, car les lieux intérieurs de Rousseau sont en quelque sorte les champs du savoir au-dessus desquels il se penche en rêvant, en dissertant en lui-même.

L’analogie la plus nette et la plus complète que nous donne Rousseau est celle de l’herborisation. L’auteur établit un parallèle entre la botanique et la rêverie dans la septième promenade, un parallèle renforcé par l’une de ses premières phrases – « Me voilà donc à mon foin pour toute nourriture, et à la botanique pour toute occupation » (119) – qui, comme le soulignait Victor Gourevitch (2012, 508), rappelle les premiers mots des Rêveries – « Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même » (Rousseau 1972, 35). Nous pourrions aussi mentionner que l’herborisation, souvent mêlée à la rêverie, est réalisée dans un contexte d’éloignement des hommes qui est, lui aussi, propice à la rêverie. Rousseau indique qu’elle a d’abord été motivée par une prise de distance par rapport à la société : « Fuyant les hommes, cherchant la solitude […], je commençai de m’occuper de tout ce qui m’entourait et par un instinct fort naturel je donnai la préférence aux objets les plus agréables » (127). S’éloignant des hommes, Rousseau s’est mis à « courir la campagne » (120) pour se rapprocher des plantes, qu’il cueille et examine sur l’île de Saint-Pierre, au bord de l’Isère ou encore près du Montmartre.

Il nous semble que la rêverie opère spatialement de la même manière. Les plantes sont comme les idées de Rousseau, qu’il recueille en méditant sur un certain terrain, sur un domaine particulier du savoir. La démarche philosophique fait naviguer le penseur à travers ce que nous pourrions appeler des « lieux d’idées »; elle fait en sorte que son « âme […] s’exalt[e] et plan[e] » (126) au-dessus de lieux qui n’en sont que métaphoriquement7. Si nous pensons qu’il s’agit néanmoins de lieux, c’est parce qu’ils en possèdent la caractéristique essentielle : un agent, bien que non physique, peut s’y trouver et s’y déplacer. L’activité de pensée qu’entreprend Rousseau comporte ainsi des ressemblances avec celle d’un individu qui se meut dans le monde extérieur, par exemple lorsque Rousseau entreprend son herborisation. L’activité de Rousseau tient de la navigation, de la découverte des lieux de pensée qui sont en lui.

Ce mouvement vers l’intérieur concorde avec la description que donne Gaston Bachelard de la rêverie cosmique :

[L]a rêverie cosmique nous fait habiter un monde. Elle donne au rêveur l’impression d’un chez soi dans l’univers imaginé. Le monde imaginé nous donne un chez soi en expansion, l’envers du chez soi de la chambre. […] En rêvant à l’univers, toujours on part, on habite dans l’ailleurs – dans un ailleurs toujours confortable. (1965, 152. L’auteur souligne.)

Chez Rousseau, cet « ailleurs », ce « chez soi », ce « monde » est le moi : la rêverie fait parcourir à Rousseau de multiples endroits en son esprit, qui vont du domaine de la générosité à celui de la vérité, de la méchanceté humaine à la sagesse des Anciens. Ces domaines du savoir et de la conscience le mènent ainsi à réfléchir sur l’émotion ressentie en vidant sa bourse pour amuser de jeunes filles, lui font donner son avis sur le mensonge, lui rappellent le complot ourdi contre lui, le conduisent à juger une maxime de Solon, etc. Rousseau montre la vastitude de l’esprit humain en illustrant un nombre important de sujets sur lesquels la rêverie peut se porter. En cela, les Rêveries rejoignent également la polysémie du terme « rêver » et de ses dérivés au XVIIIe siècle, qui peuvent aussi bien signifier une projection de l’esprit vers des imaginations, des choses extravagantes, déraisonnables, vaines, vagues, voire délirantes, qu’une méditation et une pensée soutenues ayant un objet défini (Caron et Dagenais 2012, 471). Chez Rousseau, cette apparente diversité semble néanmoins se diviser en trois catégories souvent imbriquées les unes dans les autres, si bien qu’on dirait même qu’elles ne sont pas séparables : le souvenir, la réflexion et l’imagination.

Le souvenir, la réflexion et l’imagination : territoires de la rêverie

Le caractère autobiographique de l’œuvre trouve son ancrage dans le souvenir. L’auteur se rappelle fréquemment des événements passés vers lesquels son esprit se porte. Dans la septième promenade, Rousseau voyage dans sa mémoire et s’arrête dans un lieu particulier de son esprit : il se rappelle avoir mangé des baies supposément empoisonnées lors d’une balade en forêt (Rousseau 1972, 135). Ce souvenir en tant que tel n’a pas comme lieu la forêt, mais il occupe un espace précis dans l’organisation de l’esprit de Rousseau; c’est en cela qu’il se présente comme un lieu. Nous pourrions ainsi qualifier le souvenir comme lieu de deuxième niveau – le premier étant celui où se trouve physiquement Rousseau.

Or, le souvenir de l’ingestion des baies mène également Rousseau vers un troisième et dernier niveau spatial, car en relatant les épisodes de la balade, l’auteur se prête à une description du décor où elle fut entreprise. Rousseau donne, par exemple, des indications géographiques et sylvestres à son lecteur : « […] nous nous promenions le long de l’Isère dans un lieu tout plein de saules épineux » (135). Malgré sa profondeur, ce niveau met en scène des lieux concrets qui, en tant qu’ils se trouvent dans la mémoire, sont un écho au réel, un souvenir de la réalité : Rousseau se rappelle s’être promené parmi les « saules épineux ». Il semble ainsi que le mouvement que nous avons précédemment analysé – le passage de Rousseau par le moi – permet en fait d’accéder à une réalité autrefois extérieure qui fut intégrée en lui : « la poursuite de la profondeur nous fait accéder au point où l’être s’ouvre sur le dehors » (Starobinski 1960, 47. L’auteur souligne). Notre étude du lieu permet ainsi de voir que Rousseau, insatisfait de sa situation solitaire, retourne dans le monde antérieur et extérieur via soi : les lieux extérieurs sont en fait présents au fond du moi. Ils sont la consolation de l’auteur, qui désire toujours projeter et étendre son être le plus possible, mais décide de ne jouir de « rien d’extérieur à [lui], de rien sinon de [lui]— même et de sa propre existence » (Rousseau 1972, 102).

Ces lieux du souvenir contiennent toujours un potentiel philosophique important, ce qui explique pourquoi ils suivent ou précèdent, entourent ou sont entourés par le deuxième type de lieu dans l’esprit de Rousseau : la réflexion. Ce lieu ne mène pas, comme le souvenir, à un récit ayant une réalité spatio-temporelle située plus profondément dans l’esprit de Rousseau. Le lieu de la réflexion est simplement le thème de la pensée, le terrain de réflexion. Il met en scène certaines idées, qui peuvent être prises ou laissées par Rousseau. Le meilleur exemple de ce type de lieu semble la quatrième promenade, où Rousseau traite du mensonge. Il tergiverse sur ce qui le légitime, sur les situations où il est bon ou permis de mentir. Malgré les changements d’orientation de Rousseau dans ce débat intérieur, sa rêverie se tient toujours dans le même domaine spéculatif et thématique : c’est pourquoi on peut parler de lieu intérieur réflexif, qui engage le sujet dans une pensée qui, malgré les différentes perspectives qu’il adopte sur un thème (ce qui est l’une des caractéristiques essentielles de l’essai), comporte une stabilité dans et par son thème. La rêverie a une unité par son sujet8. Il semble ainsi que la vita contemplativa que vit et peint Rousseau dans les Rêveries peut porter sur deux modes de vie distincts, soit la vita activa et la vita contemplativa : le lieu du souvenir rappelle des lieux où l’action s’est déroulée dans le passé, tandis que le lieu de la réflexion est un terrain pour la contemplation ou la recherche de vérités abstraites.

À partir de ce que nous avons dit, les lieux dans l’esprit de Rousseau semblent donc être simplement parcourus par l’auteur, comme la nature est explorée par un herboriste. Rousseau ne ferait qu’accéder à des lieux déjà existants : les souvenirs (la balade en Suisse) ont été façonnés durant sa vie; les sujets de réflexion (le mensonge) existaient avant qu’il n’y pense.

Dans ses méditations, cependant, Rousseau ne se résigne pas à la simple étude des choses passées et présentes, car la rêverie favorise aussi la création. Pour ainsi dire, en plus d’être historien et philosophe, Rousseau est poète. Dans le monde extérieur, soit le premier niveau spatial, Rousseau ne fait que subir le monde; dans le monde intérieur, soit le deuxième niveau, Rousseau peut imaginer le monde. C’est que Rousseau est le créateur de certains lieux de son esprit : il réalise lui-même le décor. Les nouvelles pensées, images et idées générées par Rousseau en lui-même apparaissent par la mention fréquente, dans les Rêveries, de l’imagination : Rousseau obtient « le secours d’une imagination riante » (103), vole « chaque jour sur les ailes de l’imagination » (104), etc9. L’imagination est dans ce texte – ainsi que dans l’ensemble de l’œuvre de Rousseau – un enjeu important, si bien que Rousseau craint son tarissement, le fait qu’elle ne puisse plus le transporter où il le souhaite.

Les situations imaginées par Rousseau sont, comme les souvenirs et les pensées, des lieux dans son esprit. Il peut choisir de s’y tenir, de s’y plaire : il peut décider de quitter de difficiles réflexions ou de durs souvenirs pour se laisser porter sur ses « ailes ». L’imagination est pour Rousseau le troisième refuge dans sa solitude, l’ultime lieu mental où il peut échapper à la cruauté des hommes ainsi que réfléchir sur ces derniers et sur lui-même. De plus, comme la mémoire, l’imagination contient en elle-même des lieux (que nous avons plus tôt qualifiés de lieux de troisième niveau). Notons toutefois que certains de ces lieux de troisième niveau portent vers le futur, car leur réalisation peut être désirée dans le réel. Jean Starobinski dit ainsi qu’il y a

appréhension confuse, anticipation fabulatrice, et qui, partant d’une félicité purement illusoire, appelle passionnément sa réalisation. […] Elle ne se détourne pas du monde, mais se prépare à y pénétrer, s’en fait un tableau enchanteur qu’elle anime à son gré, guettant, suscitant des figures qui, si elles ne sont pas encore réelles, ne devraient pas tarder à le devenir. (1960, 55)

Marc Eigeldinger confirme la présence, chez Rousseau, de cette force imaginative portée vers l’après : « seule l’imagination franchit les limites de notre condition terrestre en concevant un ailleurs » (2011, 19). Les pensées qui affluent dans l’esprit de Rousseau peuvent être sans rapport direct avec le réel, mais certaines entraînent l’envie qu’elles y soient concrétisées. Par ce désir, la rêverie est d’une certaine manière connectée au réel, un réel espéré dans le futur et dans l’ailleurs.

L’étude du lieu chez Rousseau montre ainsi qu’il existe trois régimes de rêverie, qui peuvent aisément être combinés. Se remémorer fait entrer l’auteur des Rêveries dans sa mémoire, constituée de plusieurs moments qui ont chacun leur place dans son esprit, mais qui ouvrent sur le monde passé et sur les lieux qui le constituent. La rêverie mène ainsi Rousseau d’un lieu abstrait vers un lieu concret. Réfléchir à la manière de Montaigne fait parvenir le rêveur dans un monde de sujets, de thèmes sur lesquels il peut disserter. Imaginer fait inventer à Rousseau diverses pensées qui occupent aussi divers lieux de son esprit, mais qui lui permettent aussi parfois de se figurer un futur désiré.

Recommencement et fin : le lieu de la solitude participant d’une logique temporelle

Ces trois régimes, qui ont chacun leur territoire, leur lieu général, prennent place dans l’esprit de Rousseau, dans sa solitude. La vie intérieure de Rousseau, par sa diversité et sa vastitude, imite la vie extérieure : le déplacement de Rousseau dans le monde est recommencé dans le moi, d’où il apparaît que la solitude dans laquelle vit Rousseau, le lieu où il est lorsqu’il rêve – le moi – s’inscrit dans une logique temporelle. En lui-même, Rousseau désire recommencer la vie qu’il a menée.

Le moi solitaire et son équivalence avec l’île déserte telle que conçue par Deleuze

La présente section prend appui sur une réflexion de Gilles Deleuze intitulée « Causes et raisons des îles désertes » (2002). Deleuze y explique que l’essence de l’île déserte se concentre dans l’imaginaire qu’elle suscite – qui implique deux mouvements humains principaux : la séparation et la recréation – en plus d’étudier deux personnages littéraires qui se retrouvent sur une île déserte : Robinson de Robinson Crusoé (Defoe 1719) et Suzanne de Suzanne et le Pacifique (Giraudoux 1921). Jessy Neau propose que Deleuze tienne certaines de ses réflexions sur l’île déserte en partie de la lecture des Rêveries (2016); nous estimons aussi ce parallèle digne d’intérêt et pensons que la solitude de Rousseau est à l’image d’un lieu, celui de l’île déserte. En effet, l’isolement de Rousseau l’oblige à entreprendre à nouveau son existence; comme n’importe quel naufragé, il fait ce que demande l’île déserte, c’est-à-dire recommencer, tenter une seconde fois ce qu’il a entrepris dans sa vie d’autrefois.

Le rapprochement du lieu solitaire de Rousseau avec l’île déserte est en vérité explicitement établi dans les Rêveries, lorsque l’auteur traite de son éloignement de la société et de son activité philosophique. L’expression apparaît dans la troisième promenade lorsqu’il peint son activité de pensée : « […] de toutes les études que j’ai tâché de faire en ma vie au milieu des hommes il n’y en a guère que je n’eusse faite également seul dans une île déserte où j’aurais été confiné pour le reste de mes jours » (Rousseau 1972, 58-59. Nous soulignons). Il semble ici que la pensée est détachée de l’environnement où se situe celui qui réfléchit; elle a comme lieu la solitude, dont l’île déserte peut être le support ou la métaphore. Ainsi, de toute l’œuvre, le lieu où la rêverie atteint son apogée est une île, l’île de Saint-Pierre. Bien que celle-ci soit habitée, Rousseau y passe la plupart de son temps seul à herboriser ou à réfléchir. Cette île et ses habitants agréables et simples sont à l’opposé de la société que Rousseau a connue; il y a séparation radicale entre l’ancien état de Rousseau et le nouveau.

Cette séparation entre le continent et l’île de Saint-Pierre est à l’image de la séparation entre Rousseau et le monde. Lorsqu’il écrit ses Rêveries, Rousseau se situe encore au milieu du monde, à Paris, comme l’île est dans un lac entouré lui-même du monde; or il est dans un lieu nouveau : sa solitude, son moi, que les eaux distancient de la société en opérant une « érosion », une « fracture » (Deleuze 2002, 11). La solitude que nous avons examinée dans la première section de cet article fait ainsi voir que le mouvement de Rousseau vers le moi est analogue à celui d’un homme qui parvient à une île déserte; comme l’expose Deleuze, « l’homme […] se trouve séparé du monde en étant sur l’île » (12). Neau relève cette ressemblance en se demandant si Deleuze ne s’est pas inspiré du citoyen de Genève : « Deleuze a-t-il lu les Rêveries du promeneur solitaire en voyant dans ce Rousseau errant sur l’île de Saint-Pierre cet être pris dans cette double dialectique [celle de la séparation et de la création]; le moi de la première promenade n’est-il pas celui d’une séparation totale? » (2016) Le premier élément de ressemblance entre le moi de Rousseau et l’île déserte est ainsi la séparation d’avec le monde, qu’illustre Rousseau en affirmant : « Je suis sur la terre comme dans une planète étrangère, où je serais tombé de celle que j’habitais. » (Rousseau 1972, 40)

Rousseau est sur une nouvelle terre certes déserte, mais non vide. Ainsi, le lieu où il se trouve, son esprit, regorge d’éléments à redécouvrir ou à créer10, car, comme nous l’avons vu, Rousseau est en son esprit comme en nature, cueillant çà et là ses pensées dans des lieux quasiment analogues à ceux de l’herborisation. Ce foisonnement du monde intérieur trouve un écho dans l’article de Deleuze, qui fait de l’île déserte un lieu qui n’est pas un désert, mais qui « peut contenir les plus vives sources, la faune la plus agile, la flore la plus colorée, les nourritures les plus étonnantes, les sauvages les plus vivants, et le naufragé comme son fruit le plus précieux » (Deleuze 2002, 14). Les idées, les souvenirs et les imaginations sont au moi de Rousseau ce que les plantes et les animaux sont à l’île : ils sont les attributs du lieu, qui peuvent être contemplés par l’agent ou qui peuvent lui servir. Dans les Rêveries – et peut-être, par extension, dans l’essai et l’autobiographie –, le moi se présente donc comme un véritable lieu, semblable à une île par son foisonnement et sa séparation du monde.

Nouveau lieu, nouveau départ : Rousseau en soi

Les deux aspects semblables (foisonnement et séparation) des deux lieux (l’île et le moi) indiquent un mouvement dans la vie de Rousseau. Nous pensons que, suivant l’analyse de Deleuze sur les îles désertes, nous pouvons observer chez Rousseau un lien important entre la modification spatiale et la modification temporelle, qui fait en sorte que le changement de lieu participe d’un déplacement temporel.

Selon Deleuze, en se séparant de la société, le naufragé met en place certaines structures dans l’île déserte, qui se présente alors comme un lieu où les structures ont une nouvelle chance de fonctionner. Deleuze considère cette deuxième chance ainsi offerte à l’humain par l’île déserte comme la caractéristique primordiale de ce lieu : « L’idée d’une seconde origine donne tout son sens à l’île déserte, survivance de l’île sainte dans un monde qui tarde à recommencer » (17). Par sa séparation, l’île est un paysage nouveau où l’individu peut se refaire. Pour Deleuze, quitter le monde et le refaire sont deux entreprises intimement liées, voire imbriquées : « Séparation et recréation ne s’excluent pas sans doute, il faut bien s’occuper quand on est séparé, il vaut mieux se séparer quand on veut recréer, reste qu’une des deux tendances domine toujours. » (12)

Ce même recommencement survient chez Rousseau et nous permet de comprendre un des objectifs premiers de la rêverie, de la vie contemplative. Rousseau, par son isolement, s’entretient en lui-même, certes, mais il le fait surtout pour revivre, pour continuer ce qu’il a commencé. Rousseau ne cesse de faire parvenir à lui des souvenirs par lesquels il revisite sa vie passée; la solitude est un nouvel endroit pour perpétuer son activité philosophique, qui implique aussi l’imagination11. En faisant ainsi recommencer le passé par le souvenir, en reprenant son activité par la rêverie réflexive et imaginative, l’auteur des Rêveries voit alors son moi devenir, comme l’île déserte, un terrain d’« origine seconde » (16).

La vie intérieure est pour Rousseau le moyen de recommencer à étendre son existence par la contemplation de ce qui est en lui, une activité qui est justement souvent décrite dans les Rêveries comme un recommencement de l’ancienne vie qu’il a aimée. Rousseau explique ainsi, dans la première promenade, comment son projet solitaire lui permettra de revivre certains moments de sa vie et de refaire en lui, par lui, son ancienne existence : « Je fixerai par l’écriture celles qui pourront me venir encore; chaque fois que je les relirai m’en rendra la jouissance. » (Rousseau 1972, 41)

Rousseau adopte les deux attitudes que remarque Deleuze respectivement chez Suzanne et chez Robinson, les deux personnages naufragés qu’il analyse : comme Suzanne, il vit parmi les richesses que lui donne l’île; comme Robinson, il recrée le monde qu’il connaît. Son lieu intérieur est, comme l’île de Suzanne, « un conservatoire d’objets tout faits, d’objets luxueux » (Deleuze 2002, 15) : ses souvenirs sont nombreux et variés, les thèmes de ses réflexions sont multiples; ils lui offrent une matière avec laquelle il peut rêver12. Son moi est aussi comme l’île de Robinson, car il refait la vie philosophique qu’il avait dans sa vie d’autrefois au sein sa vie présente, de la même manière que Robinson recompose « la vie quotidienne de la bourgeoisie à partir d’un capital » (15). À la fois lieu et agent de la rêverie, Rousseau reprend ainsi les éléments de son ancienne activité pour la transposer en lui-même, où se trouvent déjà les éléments nécessaires à sa recréation.

Nous voyons ainsi que le déplacement spatial du monde au moi observé dans les Rêveries s’inscrit dans le projet de Rousseau de continuer et de recommencer son existence d’une manière plus intérieure. Les Rêveries poursuivent ainsi une quête de l’origine. Par leur caractère intime et astreint au moi, elles se rapprochent des autres commencements qu’on retrouve dans plusieurs œuvres de Rousseau, tel celui d’Émile qui doit rester en lui13 et celui de l’homme à l’état de nature qui a comme premier sentiment « l’amour de [lui]— même » (Rousseau 2004, 56). Elles rappellent aussi les renouvellements de Rousseau lui-même, qui vit selon Pierre Rétat « des ruptures signifiantes, des “moments” dont l’effet est bouleversant » (2012, 145) et qui divisent son existence, lesquels Jessy Neau appelle « accidents fondateurs » (2016). Un exemple de ces moments, selon cette chercheuse, est celui de Ménilmontant où Rousseau, après avoir perdu connaissance, revient à lui comme s’il venait au monde pour la première fois. Les Rêveries sont ainsi la reprise philosophique d’un thème qui a occupé Rousseau toute sa vie : le commencement dans le lieu du moi.

La solitude de Rousseau en tant que lieu avant la mort

La séparation qu’a vécue Rousseau, en le projetant vers le moi comme un naufragé sur une île déserte, n’a pas seulement entraîné un recommencement. À la différence du naufragé qui espère refaire le monde sur son île – du moins pendant un certain temps –, Rousseau voit sa distanciation du monde comme un moment pour se préparer à la mort. Le déplacement en soi ne poursuit donc pas de manière exacte l’objectif temporel que suggère le lieu de l’île et survient dans un horizon temporel indiquant la fin :

Mon imagination déjà moins vive ne s’enflamme plus comme autrefois à la contemplation de l’objet qui l’anime, je m’enivre moins du délire de la rêverie; il y a plus de réminiscence que de création dans ce qu’elle produit désormais, un tiède alanguissement énerve toutes mes facultés, l’esprit de vie s’éteint en moi par degrés; mon âme ne s’élance plus qu’avec peine hors de sa caduque enveloppe, et sans l’espérance de l’état auquel j’aspire parce que je m’y sens avoir droit, je n’existerais plus que par des souvenirs. Ainsi pour me contempler moi-même avant mon déclin, il faut que je remonte au moins de quelques années […]. (Rousseau 1972, 44-45)

Les Rêveries sont écrites dans cet état de fin de vie qui entraîne la vieillesse et du corps et de l’âme dont Rousseau fait mention. La situation de composition des Rêveries rappelle aussi l’aspect définitif de l’isolement : les Rêveries n’ont pas été terminées et furent publiées après sa mort, comme si la solitude de Rousseau, dont l’œuvre est empreinte, était un moment de passage entre la vie et la mort.

Ainsi, la vie contemplative que mène Rousseau survient à la fin de la vie active, mais l’auteur sait qu’elle aura aussi inévitablement une fin; le lieu de la solitude vise à préparer le moment où le moi disparaîtra, où son île sera submergée par les eaux.

Un dernier lieu?

Nous avons vu que les différents lieux des Rêveries peuvent être classés en fonction de leur association à la vie active ou à la vie contemplative, qui se présentent comme deux espaces où l’écrivain, le philosophe, le poète et le rêveur qu’est Rousseau se promène. L’étude des lieux dans cette œuvre essayistique et autobiographique révèle ainsi la distinction dans l’existence de Rousseau entre ces deux modes de vie (contemplatif et actif), qui se supportent l’un l’autre. L’attitude rêveuse de Rousseau fait en sorte que le lieu où il est physiquement n’a d’importance qu’en ce qu’il permet la vie contemplative, en lui fournissant un objet de recherche et une situation assez stable pour rêver. Ce premier lieu, souvent situé dans la nature, mène à un autre espace, intérieur cette fois, de deuxième niveau, qui est l’endroit où l’esprit vagabond de Rousseau passe d’idée en idée dans un état purement rêveur et contemplatif. Certaines de ces idées sont des souvenirs ou des imaginations, qui comportent un passage vers des lieux de troisième niveau, des lieux où la vie active s’est déroulée ou se déroulera peut-être. D’autres sont des lieux thématiques, où l’esprit peut contempler certaines vérités et les évaluer. Les lieux qu’investit Rousseau servent alors à recommencer sa vie, mais aussi à la terminer doucement dans la méditation.

Les Rêveries du Promeneur solitaire ouvrent toutefois vers une réalité qui n’est pas seulement contemplative, car Rousseau, en nous mettant sous les yeux la vita contemplativa, permet l’illustration de la transition qui est réalisée entre ce mode de vie et la vita activa. Les rêveries que Rousseau fait dans ses promenades sont transposées sur le papier en une œuvre qui implique une activité, et qui est en cela un lieu de la vita activa, un lieu où Rousseau s’empare de ce qu’il a saisi dans ses rêveries pour construire ses Rêveries. L’emprunt des moments d’une vie essentiellement contemplative semble réaliser le processus décrit par Hannah Arendt au sujet de la production de l’œuvre d’art dans la Condition de l’homme moderne 1958). Rousseau, comme tout artiste, est par son écriture homo faber et, de la même manière qu’un fabricant fait « violence […] à la nature pour obtenir le matériau » (182), il utilise son expérience et son aptitude de pensée comme « source immédiate de [son] œuvre d’art » (194). Il faudrait ainsi examiner comment le livre est pour Rousseau un lieu de la vita activa, et comment l’œuvre permet à la pensée « d’entrer dans le monde » et fait en sorte qu’« une faculté humaine […] transcende et libère de son emprisonnement dans le soi une intensité passionnée qu’elle donne au monde » (194). Si tel est le cas, la fin de la vie de Rousseau serait ainsi pour lui un ultime moment pour déployer son existence, pour revenir dans le monde une dernière fois, pour voyager comme il l’a fait à tant d’occasions dans ses promenades, mais cette fois pour demeurer dans son livre, dans l’écriture.

 

Bibliographie

 

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Pour citer cet article: 

Bernier, Ambroise. 2020. « Le déplacement de soi dans la rêverie : Les lieux dans Les Rêveries du Promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau », Postures, Dossier « Écrire le lieu : modalités de la représentation spatiale », n°31, En ligne <http://revuepostures.com/fr/articles/bernier-31(Consulté le xx / xx / xxxx).